Dans une interview accordée à Paris Match, François Chérèque réagit
sur les premières annonces du gouvernement et fait le point sur la
situation économique difficile.
Celui
de l’emploi. En particulier la question de l’accompagnement social des
jeunes, avec ou sans qualifications, confrontés au chômage. Nous
devons définir avec l’exécutif une méthode de travail, avant le sommet
social de juillet. La CGT et FO demandent un Smic autour de 1 700 euros
brut.
Et vous?
Ils
ne croient même pas à ce qu’ils demandent! Ils savent très bien que
c’est inatteignable. L’évolution du Smic doit aussi être liée à la
croissance. A la CFDT, nous ne fixons aucun chiffre. Discuter d’un coup
de pouce est utile, mais cela ne suffit pas à régler le problème du
pouvoir d’achat. Nous voulons parler des aides aux entreprises et des
contreparties sur les déroulements de carrière pour que les gens ne
restent pas au Smic toute leur vie. Il faut aussi réduire les dépenses
contraintes pesant sur les personnes à bas salaires.
Air
France se préparerait à faire partir 3 000 salariés. Vous avez été le
premier à indiquer que des entreprises reportaient leurs plans sociaux
après la présidentielle. Lesquelles?
Vous
connaissez les difficultés que peuvent rencontrer Carrefour, Auchan,
SFR, Air France, Pétroplus, Rio Tinto Alcan à Saint-Jean-de-Maurienne,
Peugeot... Sans oublier ArcelorMittal à Florange. Il faut mettre des
moyens pour soutenir l’emploi dans les entreprises en difficulté, comme
le chômage partiel – nous y consacrons dix fois moins d’argent que les
Allemands. La relance européenne doit en plus soutenir l’économie.
Certains plans sont-ils évitables?
Oui,
ceux décidés dans des entreprises où les actionnaires veulent fermer
un site pour faire encore plus de bénéfices ailleurs. Notre pays doit
se donner des règles pour les empêcher.
Un
décret prévoit de rétablir le départ à la retraite à 60 ans pour les
personnes ayant leurs années de cotisations. Vous satisfait-il?
Cette
mesure de départ avant l’âge légal correspond à la réforme de 2003,
que nous avons été les seuls à soutenir. Je suis satisfait de voir que
les syndicats qui, à l’époque, la critiquaient, la soutiennent
aujourd’hui. La CFDT avait raison.
Souhaitez-vous la remise en cause de l’âge de départ à taux plein à 67 ans en 2017 en cas de carrière incomplète?
La
loi sur les retraites prévoit que ces sujets soient rediscutés en
2013. Dans ce cadre, nous souhaitons débattre d’une réforme systémique,
par points ou par compte notionnel. Au lieu de refaire un dixième
rafistolage, réfléchissons à un autre système, toujours solidaire mais
plus juste pour les jeunes générations! La proximité entre le PS et la
CFDT peut-elle anesthésier votre action? Il n’y a aucune proximité. La CFDT n’a appelé à voter pour aucun candidat. Nous n’avons fait que
-répondre aux violentes attaques de Sarkozy. L’histoire de la gauche au
pouvoir a montré que la CFDT savait garder sa liberté de ton et de
critique.
Passerez-vous les rênes en novembre à Laurent Berger, votre numéro deux?
Rien
n’est décidé. Je partirai un jour, mais la date n’est pas fixée. Pour
le secrétaire général de la CFDT, le dossier prioritaire est celui de
l’emploi
Propos recueillis par Anne-Sophie Lechevallier
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire