La CAF de Bayonne a fait appel d'une condamnation à verser 3000 euros à une allocataire. Colère.
«On aurait aimé passer à autre chose, en finir avec ce boulet. » La
voix de cette mère de famille est lasse : le boulet pèse 3000 euros et
est, indirectement, lié à la mort d'un enfant.
Ce décès avait
durement affecté le couple de fonctionnaires, la mère, en dépression,
avait bénéficié en 2006 d'un long congé maladie. La naissance d'un
nouvel enfant en 2008 ouvrait un horizon nouveau mais à peine cet enfant
né, le couple se voyait refuser les prestations demandées à la caisse
d'allocation familiale de Bayonne.
« Depuis toujours, nos revenus sont en-dessous du plafond requis pour
avoir droit aux prestations. Sauf en 2007 mais ce, à cause d'une erreur
de mon employeur, l'État donc puisque nous sommes fonctionnaires ».
La CAF fait appel de la décisiond'un magistrat professionnel.Photo archives, Patrick Bernière |
En
effet, des primes dues durant l'année 2006 n'ont pas été payées cette
année-là mais versées d'un bloc, en janvier 2007. Du coup, le plafond
était dépassé.
Pour l'époux, nul doute qu'une explication devant
la commission de recours suffirait à éclaircir la situation. La
rencontre avec le technicien conseil se révélant infructueuse, le couple
prend sa plume et saisit, en février 2009, la « commission de recours
amiable ».
« Les revenus déclarés sont faussés » explique en substance leur missive qui simule le montant de leurs revenus si les primes avaient été versées en temps voulu. « Chacun comprend que l'avis d'imposition
n'aurait pas été le même ».
« Nous n'avons pas pu nous expliquer de vive voix. Nous avons juste reçu une fiche de synthèse avec le seul mot « maintien » écrit à la main et signé du président de la commission de recours amiable. Cela signifiait que la caisse ne reviendrait pas sur sa décision ».
« Ça devient ubuesque »
Deux
mois plus tard, le couple, sûr de son fait, saisit le tribunal des
Affaires de Sécurité Sociale (TASS) de Bayonne. « On nous a dit que le
TASS n'allait jamais à l'encontre des décisions de la commission de
recours mais ce qui nous arrive est tellement injuste que j'avais
préparé toutes les pièces, tous les arguments ».
Avant
l'audience, début 2010, le couple a pu retrouver ses allocations : les
revenus ont retrouvé leur niveau normal. Devant les magistrats, le père
de famille assure lui-même sa défense, explique ses calculs à la juge,
montre les attestations préfectorales qui expliquent que les rappels de
traitement de 2006 ont été versés en 2007.
Quelques mois plus
tard, le TASS rend sa décision en faveur de l'allocataire : « La prise
en compte du revenu fiscalement déclaré pour l'octroi de prestations
familiales est justifié… Cependant, il apparaît en l'espèce que c'est
tout à fait artificiellement que les revenus du foyer se sont trouvés
considérablement augmentés et ont dépassé le plafond ».
Le
soulagement n'a été que de courte durée : deux semaines après le
jugement du TASS de Bayonne, la cour d'appel de Pau informait qu'appel
était interjeté.
« Là, ça devient ubuesque » regrettent en chœur
les parents en retenant leur colère. La somme en jeu n'est certes pas
négligeable mais c'est l'énergie déployée pour se faire entendre qui les
use. « Et c'est sans compter l'argent public que va coûter cette
affaire à force d'obstination ! »
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