Depuis fin 2012, 80 % des Caisses d’allocations
familiales (Caf) sont en situation difficile pour le traitement des
dossiers. La Caf (Caisse d’allocations familiales) du Cher n’échappe pas à
la tendance. De plus en plus, elle se trouve confrontée à une hausse du
nombre de dossiers en attente de traitement.
« On évalue ce temps d’attente en stock et en jours. Il est
de sept jours et demi de stock dans le Cher, explique Élisabeth Bastid,
directrice de la Caf du Cher. Cela témoigne de la tension du réseau des
Caf, même si dans le Cher, on ne s’en sort pas trop mal pour
l’instant », poursuit-elle. Pour elle, comme pour Thierry Chatelin,
président du conseil d’administration de la Caf, l’allongement du temps
de traitement des dossiers des allocataires tient au contexte économique
difficile, les Caf se retrouvant à jouer le rôle d’amortisseur social.
Priorité aux allocataires du RSA (Revenu de Solidarité Active) et de l’AAH (Allocation Adulte Handicapé)
« On
voit arriver à nos accueils de plus en plus de personnes qu’on ne
connait pas et qui viennent voir s’il n’y a pas une possibilité d’ouvrir
un droit. Ces personnes sont en situation précaire, ballottées entre
périodes d’intérim, CDD, ou chômage, avec souvent des conséquences sur
leur vie familiale (divorce…), souligne Élisabeth Bastid. Ce travail en
plus s’ajoute à la mise en œuvre du RSA en juin 2009 qui est complexe à
gérer. De plus, la Caf s’est vue confier la gestion du régime spécial
des retraites des gaziers, et donc cela a créé une réelle pression sur
les moyens. »
À la Caf du Cher, le maintien de la qualité du service rendu
aux allocataires s’est fait au prix de réorganisations, de reports de
formation…
Depuis le début de l’année, il a fallu avoir recours à sept jours de
fermeture de l’accueil, et faire travailler les personnels un samedi
en heures supplémentaires. Pour tenir la distance, le conseil
d’administration a choisi de donner priorité au traitement des dossiers
des quinze mille allocataires bénéficiaires des minima sociaux, RSA et
AAH (*) qui n’ont que les ressources de la Caf pour vivre. « Mais si
cela a permis que 98 % des dossiers de ces allocataires soient traités
en moins de dix jours, cela s’est fait au détriment des autres », relève
Thierry Chatelin.
Ce dernier et Élisabeth Bastid ne cachent pas craindre une
rapide dégradation de la situation. « Au moment où se négocie la
convention d’objectifs et de gestion (COG) 2013-2016 entre l’État et la
branche famille de la Cnaf (Caisse nationale d’allocations familiales),
que des activités nouvelles nous échoient, notre rôle est de lancer un
cri d’alarme?! Le gouvernement veut faire 2,2 milliards d’économies,
d’ici 2016, dans les Caf. Dans une logique d’un départ à la retraite sur
deux non remplacé, nous disons que faire des gains de productivité
n’est plus possible. On en est à se maintenir à flot. »
Une
interrogation forte titille Thierry Chatelin : « Est-ce que si l’on taxe
les familles, l’économie réalisée retournera bien à la branche famille
ou ira abonder d’autres budgets ? »
Source : Le Berry - Philippe Delouzilière - Mardi 02 avril 2013
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