Davantage de dossiers à traiter mais à effectif constant : la
Caf de Haute-Corse est sur le fil du rasoir mais rattrape son retard,
celle de la Corse-du-Sud est à jour mais elle a aussi réduit ses plages
d’accueil.
Les deux caisses d'allocations familiales de
Corse (Caf) jouent un rôle d'amortisseur social de tout premier plan.
Elles s'occupent quotidiennement d'environ 47 000 allocataires et, en
volume cumulé, elles assurent pour plus de 240 millions d'euros de
prestations par an. Par ailleurs, pour prendre le pouls de la crise
économique que traverse le pays, elles sont propulsées aux premières
loges puisque plus d'un allocataire sur quatre (par exemple, 27 % en
Haute-Corse) relève des minima sociaux, revenu de solidarité active
(RSA), allocation adulte handicapé, parent isolé, etc. Or face à une
situation sociale qui a plutôt tendance à s'aggraver, les Caf sont
confrontées à une surcharge de travail qu'elles ont de plus en plus de
mal à assumer, en Corse comme partout ailleurs dans le pays. « La charge de travail devient insupportable et les employés sont au bord de la rupture ».
Ce
n'est pas un représentant syndical du personnel qui veut noircir le
tableau pour attirer l'attention des pouvoirs publics. Non, la sonnette
d'alarme est tirée par Jean-Louis Deroussen, le président de la Cnaf, la
branche famille de la Sécurité sociale, auprès de Dominique Bertinotti,
la ministre déléguée à la Famille, à laquelle il a adressé un courrier
il y a quelques jours. Conséquence inévitable de ce constat, le retard
dans le traitement des dossiers s'accumule et de nombreuses caisses ont
été contraintes de supprimer, à certaines périodes ou à certaines
heures, l'accueil du public dans leurs locaux alors que d'autres
connaissent des files d'attente interminables « et ce, malgré tous les efforts entrepris par les directions des caisses ».
La situation reste fragile en Haute-Corse
Au-delà
même de l'intention du gouvernement d'imposer des économies à la
branche dans l'espoir d'un retour à l'équilibre en 2016, on songe
particulièrement à la réduction des allocations pour les familles les
plus aisées, on craint surtout une réduction des effectifs. Il faut
savoir que dans le cadre de la RGPP, la révision générale des politiques
publiques, lancée par le précédent gouvernement, on ne remplace pas un
fonctionnaire sur deux qui part à la retraite. La gauche n'a pas
l'intention de revenir sur cette disposition qu'elle dénonçait avec
virulence à l'époque. « Nous tenons à vous alerter sur le fait qu'une
décision qui viserait à réduire les effectifs aurait des conséquences
inéluctables sur le climat social et serait de nature à embraser le
réseau des Caf », écrit encore Jean-Louis Deroussen au gouvernement.
Les
deux caisses départementales de l'île sont également sur le fil du
rasoir, même si elles ne sont pas les moins bien loties à l'échelon
national. « Nous avons connu de sérieuses difficultés depuis la fin
de l'année dernière jusqu'en février, mais la situation se rétablit
progressivement. Le stock de dossiers diminue et le temps d'attente est
désormais inférieur à dix jours, alors qu'il pouvait être de trois mois
dans les périodes les plus critiques »,rassure-t-on à la direction
de la Caf de la Haute-Corse. Mais pour ce faire, le temps d'accueil a dû
être réduit, les ouvertures au public s'effectuant actuellement à
mi-temps au siège de la vallée du Fango.
« Nous avons ouvert
une permanence dans les quartiers sud à la maison des services publics
pour être géographiquement au plus près de la population des
allocataires. Pour l'accueil, nous ciblons les dossiers les plus
complexes. Il suffit qu'un salarié ou deux soient indisponibles et la
situation est aussitôt fragilisée, mais nous avons bon espoir que le
retard soit totalement comblé dans les meilleurs délais ». Autre
élément réconfortant, les échanges par internet fonctionnent bien, mieux
que prévu même, ce qui permet de régler pas mal de questions à distance
sans passer par les guichets.
Inflation de dossiers en Corse-du-Sud
En Corse-du-Sud, la direction reconnaît que la charge de travail est « tendue ».
Et pour cause. Ces deux dernières années, à effectif constant, la Caf a
été rendue destinataire de 10 % de dossiers supplémentaires, le flux
des appels téléphoniques a augmenté de 14 % alors que les contacts
physiques à l'accueil sont en hausse de 7 %. Et s'il n'y a pas de retard
dans le traitement des dossiers, c'est au prix, là encore, d'une
révision à la baisse de l'amplitude de l'accueil. L'an dernier, les
plages horaires ouvertes au public ont été réduites à dix-sept reprises.
Si
le président Deroussen est monté au créneau, c'est aussi une démarche
d'opportunité. En ce moment même se négocie entre la caisse nationale et
l'État la nouvelle convention d'objectifs et de gestion pour les quatre
prochaines années. Elle doit être signée avant le mois de juin et un
rapport de force s'est établi entre l'organisme, qui espère que l'on ne
fera pas de coupes sombres dans les effectifs, et le gouvernement qui
veut coûte que coûte réaliser des économies dans tous les domaines.
Bon
an mal an, les deux caisses insulaires mettent les bouchées doubles
afin que les retards ne s'accumulent plus, mais dans l'hypothèse d'une
réduction des personnels, la situation se dégraderait rapidement.
Dans l'attente de ce que sera la convention, elles ne se roulent pas les pouces mais… elles croisent les doigts.
Source : Corse Matin - Lundi 01 avril 2013
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