Thomas a six mois, des parents qui l'aiment. Il a aussi une trisomie. Et
une nounou « différente » qui par-delà ses craintes, entend donner les
même chances qu'un autre à cet enfant « différent ». Rencontre avec la
Caudrésienne Delphine Caron, qui serait la première assistante
maternelle dans ce cas dans le Cambrésis.
Dans le divan, Arsène, deux ans, est captivé par le dessin animé. Une
fois n'est pas coutume, tout en le gardant à l'oeil, Delphine Caron a
placé le bambin devant la télévision. Mais juste le temps de
s'entretenir avec la journaliste venue à sa rencontre dans sa coquette
maison caudrésienne, décorée aux couleurs de Noël, au côté du papa du
petit Thomas, qu'elle accueille actuellement « en adaptation ».
Delphine était déjà la nounou d'Emma, la grande soeur de Thomas, qui
aura trois ans en février. Il était convenu dès avant sa naissance,
qu'elle s'occuperait ensuite du garçonnet. Tout était prévu, sinon que
Thomas naîtrait avec une trisomie qui n'avait pas été détectée pendant
la grossesse.
La voix du Nord |
La nounou, qui sans nouvelles des parents abasourdis, avait fini
par leur donner un coup de fil, avoue être « tombée sur sa chaise »
quand elle a appris la nouvelle. Car cela pouvait tout changer. Avec
franchise, elle raconte : « J'en ai parlé à mes enfants, à mon conjoint.
Je suis peut-être assistante maternelle, mais il y a aussi la
famille... Ma fille, qui a quinze ans, a eu un peu peur... alors que
maintenant, elle adore Thomas. »
Car au final, la jeune femme, nounou depuis 2004, a maintenu sa
décision. Forte d'une conviction : « Thomas est né comme ça, Ç'aurait pu
être le cas pour un de mes enfants. Je veux lui donner la chance de
pouvoir faire comme les autres... Ce n'est pas parce qu'il est
trisomique qu'il doit être dans les centres » Et s'il n'y avait pas eu
de contrat au préalable ? « Je ne sais pas... » confesse-t-elle.
La décision était prise. Mais voilà, dotée d'« agrément pour un
enfant "normal" », avait-elle seulement le droit de garder Thomas ?
« La CAF donne 300 euros pour des travaux d'aménagements ;
pourquoi pas aussi pour former à l'accueil de l'enfant différent ? »
Nounou d'enfer
Sans compter que le degré de la trisomie,
au final léger, n'a été connu que plusieurs semaines après qu'il est
venu au monde... Delphine s'engageait d'autant plus à l'aveugle que plus
généralement, « on m'a dit que j'étais la première dans le Cambrésis » à
accueillir un enfant "différent ". » D'où sa difficulté à être formée
et informée.
Aujourd'hui, dans un premier temps, Thomas est accueilli le midi
et le mercredi après-midi avec Emma. « Avec elle, il n'y a pas de souci,
décrit Delphine, mais le petit père n'est pas encore bien habitué. » Le
sommeil est irrégulier, l'appétit aussi - le paramètre de la prise de
poids étant plus crucial encore pour lui, en raison de ses problèmes de
santé, notamment au niveau du coeur, que pour un autre bébé. Puis, il y a
ces pleurs qui désarment parce qu'on ne les comprend pas, que les
parents et plus encore la nounou peinent à traduire... « Il y a toujours
une appréhension, confie Delphine : est-ce un caprice ou pas ? »
N'importe : « À partir de février, on mensualise », assure la nounou
d'enfer. Qui n'entend pas lâcher son nouveau pensionnaire, devenu,
sourit-elle, la mascotte de la maisonnée... Même Arsène, qui vient
d'avoir une petite soeur, se montre « très protecteur » avec Thomas, de
dix-huit mois son cadet.
Source : La Voix du Nord - Hélène HARBONNIER - Mardi 20 décembre 2011
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