C'est l'histoire d'une double location de logement. Celle de Y. A., 63 ans, et de E-T. J., 54 ans, respectivement Lambersartois et Hasnonaise. Ou
peut-être l'inverse. Parce que l'affaire est plutôt compliquée. Elle
commence en 1991, quand Y. A. et son épouse, installés dans un
appartement de Lille, décident d'acheter une petite maison à la
campagne, à Hasnon, pour préparer leur retraite future.
« Deux pauvres bougres »
Puis,
le logement que le soixantenaire occupe à Lambersart est mis en vente
judiciairement et il lui est proposé de le racheter. À cette époque, il
fait des travaux chez les uns et les autres par le biais des chèques
emploi service. « Le prêt m'a été refusé à la banque parce que je
touchais le RMI », explique-t-il, dans son costume sombre, face au
tribunal. Et c'est là qu' E-T. J. entre une nouvelle fois dans le jeu. «
Elle lui propose de souscrire un crédit pour lui », ajoute son conseil.
Elle achète l'appartement pour une bouchée de pain : 7 500 €, et le
revendra en 2007 cinq fois plus cher.
Ce qui étonne le président Daniel
Delegove, c'est « comment une femme de ménage gagnant mille euros par
mois va faire un placement immobilier à Lambersart, quel est son
intérêt ? » Y. A. est donc propriétaire de la maison, qu'il loue à la
quinquagénaire qui, elle, est propriétaire du studio qu'elle lui loue.
Jusque-là, rien de condamnable. Sauf que lorsqu'ils déclarent
mutuellement leurs revenus pour prétendre à l'aide au logement de la
caisse d'allocations familiales, ils omettent tous les deux d'y indiquer
qu'ils possèdent des biens fonciers.
Pour Me Audenard, ce sont
« deux pauvres bougres » qui n'avaient nullement l'intention de frauder.
« C'est juste une case pour laquelle il est indiqué "autres revenus,
autres montants", ni l'un ni l'autre n'a pensé qu'il pouvait s'agir de
cela. » Daniel Delegove signale quelques quittances de loyers émises
uniquement quand la CAF en demandait... « Sinon on peut effectivement se
questionner sur l'existence réelle de ces loyers... Comme vous vous
payez mutuellement des loyers, finalement c'est comme s'il n'y en avait
pas, sauf que vous perceviez une aide au logement. » Il leur rappelle
qu'il s'agit de « fraude sociale ».
Une attitude « malhonnête »
C'est
une enquête de la CAF - « qui se demandait si ces locations étaient
vraiment réelles », précise le président Daniel Delegove - qui a mis au
jour cette affaire. Une attitude « malhonnête » pour le vice-procureur
Olivier Declerck qui requiert dix mois avec sursis pour chacun. Le
tribunal, plus clément, condamne les deux comparses à quatre mois
d'emprisonnement avec sursis simple. E-T. J. devra verser 1 600 € à la
caisse d'allocations familiales.
Source : La Voix du Nord - Mélanie Démarest - Mardi 19 juin 2012
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