Les pauvres ne sont pas égaux. C'est le constat qu'a fait Maria Fontan,
la présidente de l'association Revivre. Elle en appelle aux pouvoirs
publics. Car les injustices créent des tensions.
Depuis Coluche, on sait que tous les hommes
sont égaux, mais certains plus que d'autres.
Un adage qui s'applique même quand on ne compare que les plus précaires entre eux. Maria Fontan, qui a créé l'association Revivre en 2007, découvre régulièrement de nouvelles injustices, au gré des personnes qui poussent la porte de son local rue de Valmy. Cette ancienne commerçante de l'Épeule avait déjà eu du mal à se faire accepter à côté des « pros » du social. Aujourd'hui elle accuse : « C'est comme s'ils géraient un fonds de commerce. Le système est fait pour maintenir l'assistanat. »
Un adage qui s'applique même quand on ne compare que les plus précaires entre eux. Maria Fontan, qui a créé l'association Revivre en 2007, découvre régulièrement de nouvelles injustices, au gré des personnes qui poussent la porte de son local rue de Valmy. Cette ancienne commerçante de l'Épeule avait déjà eu du mal à se faire accepter à côté des « pros » du social. Aujourd'hui elle accuse : « C'est comme s'ils géraient un fonds de commerce. Le système est fait pour maintenir l'assistanat. »
Un système qui tire vers le bas
Dalila, une femme de 47 ans accompagnée par Revivre, le dit à sa façon :
« Le système pénalise ceux qui ont travaillé. Si vous percevez le RSA,
on vous reçoit. Si vous touchez l'ASS (allocation de solidarité
spécifique, destinée aux chômeurs en fin de droit, ndlr), vous êtes
inexistant, vous ne pouvez pas être accompagné. Le système tire vers le
bas. » On fait la distinction entre Smicards et demandeurs d'emploi et
entre demandeurs d'emploi et bénéficiaires du RSA. Mais aussi entre les
bénéficiaires du RSA entre eux. Il y a les « actifs » présumés aptes à
s'en sortir tout seuls et les... « inemployables » qui bénéficient de
l'accompagnement maximum.
Quitte à être dans la panade, autant y être complètement : « Quelqu'un
qui est au RSA "actif" va toucher quelques euros de plus, explique Maria
Fontan. Mais il va perdre des avantages, comme le droit à la CMU
(couverture maladie universelle, ndlr). » Aides au logement, gratuité
des transports, exonération de taxes locales... Maria Fontan est
formelle et Sauria Redjimi, la directrice de la Maison des associations,
confirme : le Smicard à temps partiel gagne moins d'argent que le
bénéficiaire du RSA « inemployable ».
Ce n'est pas qu'une idée répandue au café du Commerce. Au cours de ses années de galère, Sylvain s'est retrouvé payé au Smic 26 heures par semaine. Embauché par l'Armée du Salut, il s'est retrouvé à déménager des gens payés au RSA : « J'étais à 700 E par mois, mais comme je devais tout payer, je me retrouvais avec moins que ceux que je devais aider ! » Ça peut plomber le moral de celui qui bosse...
Pression sur les associations
« C'est comme une bataille entre les pauvres, constate Dalila. On va se battre pour un morceau de pain. » Maria Fontan ne voudrait pas faire de distingo parmi tous les gens qui poussent la porte de son association. Mais les subventionneurs l'y poussent ! Une fois encore, le système est plus favorable pour les structures qui aident les « inemployables ».
La seule subvention que touche Revivre - toutes les autres viennent du privé - est versée par le conseil général. Elle s'élève à 14 000 E pour l'accompagnement de 35 personnes au RSA. Mais au RSA « socle » (le mot officiel pour « inemployable »), pas au RSA « actifs ». Mais bien souvent, les allocataires eux-mêmes ignorent dans quelle catégorie ils se trouvent. Et si Maria Fontan accompagnent des « actifs », elle doit rembourser une partie de l'obole du conseil général.
Pour éviter la guerre des pauvres, elle en appelle aux pouvoirs publics. Et espère que ceux-ci ne trouvent pas un intérêt à entretenir les inégalités.
Source : Nord Éclair - YOUENN MARTIN - Dimanche 23 septembre 2012
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