Alors que la droite et le
Front national ne cessent de dénoncer les fraudes sociales en hausse,
les études prouvent que le non-recours aux droits sociaux est bien plus
important que la fraude sociale.
En novembre dernier, à Bordeaux, Nicolas Sarkozy reprenait le refrain
de son ministre Laurent Wauquiez et décrivait la lutte contre la fraude
sociale comme une des premières priorités de la droite au pouvoir.
Depuis des mois maintenant l'UMP et le Front national fustige les fraudeurs sociaux (qui seraient surtout des immigrés) et un récent sondage de l'Ifop montre qu'une majorité de français critique "l'assistanat".
Or, à rebours de ces préjugés, des études sérieuses et fiables montrent que primo, la fraude sociale est bien moins importante que le non-exercice de droits sociaux, et que deuzio, "l'assistanat" n'est pas un phénomène en constante augmentation.
Un récent rapport de l'économiste François Bourguignon est sans appel :
68% des travailleurs pauvres qui peuvent prétendre au RSA activité ne
le demandent pas, une personne sur deux éligible au RSA n'en fait pas la
demande et 80% des personnes pauvres ne demandent pas, alors qu'ils y
ont tout à fait le droit, l'aide pour une assurance complémentaire de
santé.
Des chiffres extrêmement élevés, bien plus que ceux de la fraude
sociale qui coûte entre trois et cinq milliards d'euros à l'état chaque
année alors que le non-exercice de ces droits sociaux rapporte
au moins dix milliards d'euros chaque année à l'état (5,3 pour le RSA et
4,7 pour les prestations familiales).
Autrement dit, la fraude sociale
est largement compensée par ces personnes pauvres qui ne réclament pas
ces droits sociaux auxquels ils ont droit. En guise de
comparaison, notons également que la fraude patronale coûte au moins 16
milliards d'euros chaque année au fisc et l'évasion fiscale 25
milliards.
Plusieurs explications existent pour ces non-demandes de prestations
sociales : la complexité des démarches, la volonté de ces personnes
pauvres de ne pas souffrir de davantage de stigmatisation alors qu'une
bonne partie du personnel politique de droite les décrit déjà comme des "assistés"
mais aussi la mauvaise volonté des pouvoirs publics qui n'ont pas
toujours intérêt à débourser ces aides publiques, notamment dans un
contexte de rigueur budgétaire.
Pour autant, "les non-dépenses liées
au non-recours peuvent être vues comme des économies, mais ce serait
oublier le surcoût qu'elles induisent à terme pour les collectivités" souligne dans une interview à Libération un collectif de chercheurs.
Source : Paris Dépêches - Eli Dy - Mardi 13 novembre 2012
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