Se signaler à la crèche dès le premier test de grossesse positif,
pleurer dans le bureau d'un directeur d'établissement, faire jouer ses
contacts auprès du maire... Les parents français sont intarissables sur
leurs trucs et astuces pour obtenir une place en crèche, afin de déjouer
un système considéré comme opaque et défavorable.
Pourtant les mairies revendiquent des procédures transparentes et
simplifiées, en plus d'un objectif de mixité sociale, même si elles
reconnaissent leur relative impuissance face à l'afflux de demandes pour
le peu de places disponibles.
Selon l'enquête "les publics des établissements d'accueil du jeune
enfant (EAJE)" publiée en 2012 de la Caisse d'allocations familiales
(CAF), six villes sur dix disposent de guichets uniques pour
l'enregistrement des demandes des parents. Parfois des accueils
orientent les parents vers la solution de garde adaptée, qui n'est pas
forcément la crèche, malgré leur souhait.
Le travail partiel peut nuire à la demande
Les demandes sont reçues à partir du 3ème ou du 6ème mois, plus
généralement dans ce dernier cas quand les demandes sont trop
nombreuses. Les dossiers comprennent des informations sur la famille, le
lieu de résidence, l'enfant et sa santé ainsi que sur la situation
professionnelle des parents, voire de difficultés d'ordre général, ce
qui permet d'évaluer la priorité de la demande.
© AMXPPP |
Le temps partiel, notamment des femmes, peut influencer négativement
sur l'accès à une place car il complique l'organisation des plannings
des structures. Ainsi, la mairie du 18e à Paris donne la priorité, en
"respectant la mixité sociale et culturelle", aux "foyers où les deux
parents travaillent", selon le site de la mairie.
Les parents doivent ensuite confirmer leur demande, régulièrement
avant l'âge d'entrée en crèche, seulement après la naissance dans
certains cas. Il est également conseillé de se faire connaître du
directeur de l'établissement souhaité.
La plus grosse commission se tient en mai
Viennent les commissions d'attribution, dont la plus grosse en mai
pour des admissions en septembre, quand les plus grands rejoignent
l'école. Des décisions d'attribution peuvent également être prises, à la
marge, en cours d'année, en cas de désistement ou de déménagement des
familles.
Dans les structures associatives, ce sont les directrices qui
instruisent les demandes et prononcent les admissions, en relation avec
les services municipaux, notamment pour éviter tout effet de doublon sur
les listes.
Dans le cadre d'un établissement municipal, les élus président les
commissions qui sont généralement composées des chefs de service de la
petite enfance ainsi que des directrices des crèches.
Il existe des textes qui encadrent les pratiques. A Paris, par
exemple, la "mairie centrale a fait un règlement cadre, qui est adapté
selon les spécificités", a déclaré à Sipa Christophe Najdovski, adjoint
au Maire de Paris, chargé de la petite enfance.
La gémellité peut être prise en compte
Les dossiers sont alors évalués selon des critères d'attribution
prédéfinis et généralement communiqués par les mairies. En plus du
travail précédemment évoqué, l'âge des enfants, l'ancienneté du dépôt de
la demande, le critère de résidence mais aussi la monoparentalité ou la
gémellité, le handicap des enfants sont pris en compte. Les
passe-droits ne sont pas évoqués tels quels dans l'enquête de la CAF,
mais les directrices d'établissement admettent plutôt favoriser des
familles qu'elles connaissent déjà et apprécient ou dont elles
connaissent la réalité des difficultés.
Jumeaux & co |
"Si on a pris les deux premiers enfants, on essaye de ne pas prendre
le troisième et vice versa" pour ne pas privilégier certaines familles, a
également expliqué à Violaine Trajan, adjointe au maire du 18e
chargée de la petite enfance, alors que une demande sur deux et demie
est satisfaite dans cet arrondissement parisien. Et si plusieurs enfants
présentent le même dossier pour une seule place, le premier né ou le
premier inscrit sera choisi.
A la mairie du 18e, il a également été décidé que les directrices de
crèche ne recevraient pas directement les parents dans les
établissements, mais au sein d'une permanence, pour une plus grande
transparence mais peut-être aussi pour échapper aux pressions des
parents. "Si les familles insistent beaucoup, on essaye de les faire
passer", a admis cependant Mme Trajan.
Solution intéressante pour calmer la frustration des parents: pour
deux structures sur les dix étudiées par l'enquête de la CAF,
l'attribution de points en fonction des critères permet une
simplification du processus d'attribution ainsi qu'une plus grande
transparence. Et si la place tant espérée n'est pas pour elles, les
familles peuvent ensuite réitérer leur demande et doivent le faire
régulièrement pour ne pas être rayées des listes d'attente.
Source : Challenges - mn/sbo/vvd/ - Samedi 03 novembre 2012
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