mercredi 22 février 2012

Privé d'allocations, il entame une grève de la faim

Pour la Caf 08, Daniel Bellot, de Draize (Ardennes), vit toujours en couple. Lui assure qu'il est séparé depuis deux ans. Il entame une grève de la faim pour défendre ses droits.

Privé de ressources, Daniel Bellot, emploie l'énergie du désespoir pour faire valoir ses droits. Cet habitant de Draize vient d'entamer une grève de la faim pour contester la décision de la Caf 08.

« Je suis séparé de mon ex-concubine depuis deux ans », explique-t-il. « Depuis je lui loue ma maison, qu'elle occupe avec mon fils de 10 ans, et je me suis installé dans une caravane sur un terrain voisin appartenant à un autre propriétaire. »

De février 2010 à novembre 2011, l'ancien artisan peintre désormais sans emploi à la suite de problèmes de dos, a ainsi touché le RSA et l'aide au logement (sa locataire, sans emploi, ayant également des ressources limitées). À la suite de la visite d'une contrôleuse de la Caf en juillet 2011, ces droits ont toutefois été suspendus et un trop-perçu total de 11 400 euros lui est réclamé.

Lors de ce contrôle de situation, « j'ai constaté que vous n'étiez pas séparés », indique simplement le courrier de l'agent.
« Mais sur quelles preuves se base-t-elle ? », s'indigne Daniel Bellot. « Lors de sa visite elle m'a trouvé dans la cour de la maison que je loue à mon ex-compagne. Mais j'ai un droit de passage, et je suis obligé de passer par là pour accéder à ma caravane, qui se trouve sur le terrain derrière. »
Les deux ex logent ainsi toujours au même numéro de la même rue. « Mais nous avons deux boîtes aux lettres séparées, et deux vies séparées. Comment ça se passe pour les immeubles ? Ils estiment que les gens des différents appartements vivent tous ensemble ? », interroge l'habitant de Draize.

Paradoxe

L'homme dénonce par ailleurs les conditions dans lesquelles s'est passé le contrôle.
« Lors de son passage, j'ai invité la contrôleuse à me suivre chez moi dans ma caravane, mais elle a refusé, et a préféré que l'entretien se déroule dans la maison sans attendre l'accord de mon ex, indique Daniel Bellot. Je lui ai proposé de visiter ma caravane, mais elle a encore refusé, se contentant d'inspecter la maison et quand j'ai protesté elle m'a dit que je n'avais rien à dire, qu'elle était assermentée et qu'elle faisait ce qu'elle voulait. Par la suite, j'ai aussi eu le droit à des menaces du genre si vous n'êtes pas capable de vous occuper de votre gamin, on vous le reprend. »

La réalité de ces propos est difficile à prouver. « C'est ce qu'il dit », commente d'ailleurs simplement le directeur de la Caf 08. Cependant, l'habitant de Draize soulève un certain paradoxe.

« J'ai laissé mon ex et mon fils habiter là parce qu'il y a tout le confort et l'équipement et qu'ils sont dans une situation délicate. Il y a même des mois où je ne lui réclame pas le loyer. Mais ça se retourne contre moi. Et plus j'essaie de faire valoir ma bonne foi, plus on m'accuse de vouloir frauder », commente Daniel Bellot. « Qu'est-ce que j'aurais dû faire pour éclaircir la situation ? Les mettre dehors ? C'est sûr, ça serait plus simple financièrement pour moi : je les vire, je loue à quelqu'un d'autre et je me sors de la merde. C'est ça la solution ? Mais c'est mon gamin, quand même ! »

Par ailleurs, la jeune femme est actuellement hospitalisée pour une durée de trois mois. Dans l'intervalle, le père a donc emménagé dans la maison pour s'occuper de son fils.
« Ça aussi ça va m'être reproché sans doute », ajoute l'homme. Même si une allocation unique* continue d'être attribuée au « foyer », « je ne touche plus le RSA depuis deux mois. Il n'y a pas de raison que je m'arrange avec mon ex pour diviser une aide groupée qu'on devrait recevoir chacun de notre côté. Comment je fais pour subvenir aux besoins de mon gamin ? Pour l'instant la seule nourriture qu'on a, c'est celle que nous offre la Croix rouge. »

« Et tout ça sur quelle base ? J'ai commencé une grève de la faim et je la continuerai jusqu'à ce que la situation soit régularisée et que cette contrôleuse soit sanctionnée, parce que c'est de l'acharnement. Et si ça n'arrive pas, et ben je crèverai. »

*D'après un courrier de la Caf 08, le remboursement du trop-perçu s'effectue sur la base d'une retenue de 10 % du montant de cette aide.

Source : L’union - Audrey BENZAKEN - Mardi 21 février 2012

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