71 cas avérés de fraude aux prestations sociales ont
été détectés en 2012 en Haute-Vienne. Le phénomène semble
incontournable, et de plus en plus flagrant d’année en année.
En 2012, en Haute-Vienne, 71 cas de fraude avérée ont été
détectés par les services de la CAF. Le préjudice financier est énorme
pour la Caisse : 770.000 euros. Et il est en nette augmentation par
rapport aux années précédentes : en 2011, 45 cas de fraude avaient été
constatés pour 460.000 euros ; en 2010, 30 cas, pour "seulement" 260.000
euros.
« La partie émergée de l'iceberg »
Difficile
d'expliquer l'ampleur du phénomène, qui n'est d'ailleurs pas propre à
la Haute-Vienne. Faut-il y voir le signe d'une angoisse croissante face à
la crise, d'un défi face à l'institution ? Ou tout simplement la
traduction de la vigilance d'une caisse qui ne dispose pourtant que de
trois contrôleurs pour couvrir un département entier ?
« Il est clair que ces chiffres ne sont que la partie émergée
de l'iceberg, reconnaît Sylvie Laborie, directrice adjointe. La
dissimulation des ressources, et surtout une vie maritale non déclarée,
sont les cas de fraude les plus fréquents. Mais nous avons aussi des
moyens de plus en plus fiables pour détecter les dossiers suspects.
Dépister les abus est un enjeu crucial pour préserver notre système de
protection sociale ».
Peu à peu, les échanges de fichiers entre administrations
remplacent les contrôles à domicile ou les vérifications sur pièces
justificatives fournies par les prestataires eux-mêmes. Un répertoire
informatisé des bénéficiaires de tous les types de prestations sociales
(Carsat, RSA, allocations familiales) sera d'ailleurs bientôt
disponible. Il sera établi dans les règles, avec l'accord de la CNIL
évidemment, et seule une partie des agents des organismes concernés
auront accès au fichier. Quant au datamining (croisement des données
pour détecter les fraudeurs potentiels), déjà utilisé notamment par les
compagnies d'assurance et le fisc, il est désormais élargi aux
prestations familiales depuis l'an dernier. Il évalue un niveau de
risque par dossier.
« Ces méthodes sont évidemment plus rapides et plus fiables,
précise Sylvie Laborie. Il est toujours simple d'obtenir les
renseignements auprès des organismes que de demander les pièces
justificatives aux prestataires. Mais il ne faut pas généraliser : sur
nos 65.000 allocataires, il y a très peu de fraudeurs ».
Dans 78 % des cas, la fraude porte sur les minima sociaux
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plaintes ont été déposées en 2012 par la CAF Haute-Vienne, laquelle ne
porte pas systématiquement l'affaire en justice et tente souvent de
récupérer elle-même son argent. Les pénalités administratives s'élèvent
pour 2012 à 30.000 euros, contre 17.000 euros en 2011. Dans 78 % des cas
la fraude porte sur les minima sociaux, et dans 55 % des cas également
sur les allocations logement.
Quant au profil type du fraudeur, il n'y en a pas. Il y a
quatre ans, un allocataire du département avait été pris en flagrant
délit de cumul : il était inscrit dans cinq CAF différentes dont celle
de la Haute-Vienne. L'affaire avait été très médiatisée à l'époque mais
le cas reste atypique.
Source : Le populaire - Florence Clavaud-Parant - Vendredi 18 janvier 2013
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