Avec l’aide du syndicat PSTE Centre, la section CFDT de la
Caisse d’allocations familiales de Touraine connaît un nouveau souffle.
« Sans le soutien du syndicat, on ne serait pas reparti. »
Sébastien Giraud, délégué syndical de la caisse d’allocations
familiales d’Indre-et-Loire, sait que la section CFDT revient de loin.
En 2011, la remise en cause par la direction de l’accord de RTT
(réduction du temps de travail) a ouvert une période trouble au sein de
la Caf 37, qui a bien failli avoir raison de l’existence même de la CFDT
dans cet établissement de 280 agents.
Face
à une direction intraitable, refusant de négocier et agitant la menace
d’un retour au seul droit du travail auprès des agents, les trois élus
CFDT ont décidé de démissionner de tous leurs mandats. Sud, avec
laquelle ils avaient travaillé en intersyndicale pour tenter d’élaborer
des contrepropositions, fait de même. En cause, « un climat violent, délétère, qui nous a conduits à l’épuisement », lâche Chantal, militante depuis quinze ans. « C’était beaucoup de fatigue, abonde Sébastien. Au bout de dix ans, on ne se renouvelle pas. »
CFDT, le retour
Lors des élections partielles, en février 2012, aucun d’eux ne se représente. « Se
représenter pour quoi faire ? Être obligés de signer un accord
contraints et forcés ? Si nous avions accepté ça, où cela nous aurait-il
menés ? », se justifie Sébastien. « Si on en est arrivés là, c’est que l’on n’avait pas d’autre solution », appuie Chantal. Seule la CFTC se présente ; et signe l’accord.
Les militants CFDT informent alors le syndicat PSTE Centre de la situation. « La décision de démissionner s’est faite à chaud. On a zappé le syndicat. On savait qu’on allait se faire tirer les oreilles. » « Pour le syndicat, ce n’était pas possible !, embraye Angélique Baux, la secrétaire adjointe. Si tu n’es pas présent, tu n’es plus acteur dans ton établissement. » Avec Corinne Lasne, secrétaire du syndicat, elles rencontrent la section. « Nous
les avons écoutés. Nous avons débattu avec eux pour qu’ils se
représentent lors des élections professionnelles d’avril 2013. »
Sébastien, Chantal, Sandra, Valérie et Nadège, les cinq militants actifs
de la section, y mettent une condition : qu’il y ait des jeunes.
Germe
alors l’idée d’organiser une journée portes ouvertes intitulée « CFDT,
le retour ». Les deux responsables du syndicat, qui forment le binôme
des correspondantes de cette section, sont de la partie. Elles
expliquent ce qu’est un syndicat, les valeurs de la CFDT, l’intérêt
d’être adhérent. Bilan de la journée : cinq adhésions ; une deuxième
place aux élections professionnelles (à 25 %, derrière Sud, à 33 %) ;
quatre jeunes élues. Parmi elles, trois ont adhéré par affinité avec un
adhérent CFDT. Déborah voulait de longue date s’investir au comité
d’entreprise. « L’élection, ç’a été un accélérateur. » Laure s’est décidée à la suite de « ce qui s’est passé. J’ai demandé comment être plus active et présente ».
L’image d’une CFDT qui bouge
Au-delà des chiffres, « les nouvelles ont changé notre fonctionnement, constate Sébastien : on s’écoute davantage, alors qu’à la fin, on ne s’écoutait plus entre nous ». Pour lui, cela a été une révélation : « Afin
de préparer la journée portes ouvertes, j’ai distribué des tracts et je
me suis rendu compte que je peux le faire. Je n’ai plus honte de
m’afficher syndiqué. J’ose dire que c’est grâce à la CFDT qu’il y a de
l’intéressement. On ne se cache plus. Du coup, les gens savent que quand
on sort du service, c’est qu’on est en mandat. » « Les nouveaux venus, ça rebooste et ça légitime notre combat », confirme Sandra.
Et tous constatent : « Ça a donné l’image d’une CFDT qui bouge. » Sandra observe « un
nouveau regard des agents, de la direction, des autres organisations
syndicales, qui nous ont emboîté le pas sur les journées portes
ouvertes. Ils voient que la CFDT a de jeunes adhérents auxquels elle
laisse les places ». Laure note « une curiosité bienveillante de nos collègues : ils nous posent des questions, s’intéressent, sympathisent ».
Des pratiques syndicales renouvelées
Passée
de 9 à 14 adhérents, reboostée, la section ne compte pas s’arrêter en
si bon chemin, accompagnée par le syndicat PSTE Centre. Les nouvelles
élues vont bénéficier de deux formations, en octobre : « Connaître et
comprendre la CFDT » et « Droits et rôle des élus d’entreprise ».
En
matière de pratiques syndicales aussi, il y a beaucoup à faire :
informer les agents de ce que font les élus CFDT, tracter régulièrement,
essayer de s’implanter dans tous les services, etc. La section envisage
déjà de reproduire chaque année l’opération portes ouvertes. Ou
d’autres « opérations conviviales, qui favorisent le développement ». Pour les y aider, ils savent désormais pouvoir compter sur le syndicat : « On
a appris à se connaître. On s’est sentis écoutés sur des problèmes de
base. On a eu des réponses à nos questions. Sans cela, on aurait sans
doute tout laissé tomber. » Corinne Lasne, secrétaire du syndicat, n’en retire aucune gloire : « C’est vous qui avez trouvé les solutions. Nous étions là en appui. »
Aurélie Seigne - CFDT
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