mardi 20 décembre 2011

Quand une nounou pas comme les autres accueille un enfant « différent »...

Thomas a six mois, des parents qui l'aiment. Il a aussi une trisomie. Et une nounou « différente » qui par-delà ses craintes, entend donner les même chances qu'un autre à cet enfant « différent ». Rencontre avec la Caudrésienne Delphine Caron, qui serait la première assistante maternelle dans ce cas dans le Cambrésis. 

Dans le divan, Arsène, deux ans, est captivé par le dessin animé. Une fois n'est pas coutume, tout en le gardant à l'oeil, Delphine Caron a placé le bambin devant la télévision. Mais juste le temps de s'entretenir avec la journaliste venue à sa rencontre dans sa coquette maison caudrésienne, décorée aux couleurs de Noël, au côté du papa du petit Thomas, qu'elle accueille actuellement « en adaptation ».

Delphine était déjà la nounou d'Emma, la grande soeur de Thomas, qui aura trois ans en février. Il était convenu dès avant sa naissance, qu'elle s'occuperait ensuite du garçonnet. Tout était prévu, sinon que Thomas naîtrait avec une trisomie qui n'avait pas été détectée pendant la grossesse. 

La voix du Nord
La nounou, qui sans nouvelles des parents abasourdis, avait fini par leur donner un coup de fil, avoue être « tombée sur sa chaise » quand elle a appris la nouvelle. Car cela pouvait tout changer. Avec franchise, elle raconte : « J'en ai parlé à mes enfants, à mon conjoint. Je suis peut-être assistante maternelle, mais il y a aussi la famille... Ma fille, qui a quinze ans, a eu un peu peur... alors que maintenant, elle adore Thomas. » 

Car au final, la jeune femme, nounou depuis 2004, a maintenu sa décision. Forte d'une conviction : « Thomas est né comme ça, Ç'aurait pu être le cas pour un de mes enfants. Je veux lui donner la chance de pouvoir faire comme les autres... Ce n'est pas parce qu'il est trisomique qu'il doit être dans les centres » Et s'il n'y avait pas eu de contrat au préalable ? « Je ne sais pas... » confesse-t-elle. 

La décision était prise. Mais voilà, dotée d'« agrément pour un enfant "normal" », avait-elle  seulement le droit de garder Thomas ? 

« La CAF donne 300 euros pour des travaux d'aménagements ; 
pourquoi pas aussi pour former à l'accueil de l'enfant différent ? »

 

Nounou d'enfer


Sans compter que le degré de la trisomie, au final léger, n'a été connu que plusieurs semaines après qu'il est venu au monde... Delphine s'engageait d'autant plus à l'aveugle que plus généralement, « on m'a dit que j'étais la première dans le Cambrésis » à accueillir un enfant "différent ". » D'où sa difficulté à être formée et informée. 

Aujourd'hui, dans un premier temps, Thomas est accueilli le midi et le mercredi après-midi avec Emma. « Avec elle, il n'y a pas de souci, décrit Delphine, mais le petit père n'est pas encore bien habitué. » Le sommeil est irrégulier, l'appétit aussi - le paramètre de la prise de poids étant plus crucial encore pour lui, en raison de ses problèmes de santé, notamment au niveau du coeur, que pour un autre bébé. Puis, il y a ces pleurs qui désarment parce qu'on ne les comprend pas, que les parents et plus encore la nounou peinent à traduire... « Il y a toujours une appréhension, confie Delphine : est-ce un caprice ou pas ? » N'importe : « À partir de février, on mensualise », assure la nounou d'enfer. Qui n'entend pas lâcher son nouveau pensionnaire, devenu, sourit-elle, la mascotte de la maisonnée... Même Arsène, qui vient d'avoir une petite soeur, se montre « très protecteur » avec Thomas, de dix-huit mois son cadet. 

Source : La Voix du Nord - Hélène HARBONNIER - Mardi 20 décembre 2011 

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