mardi 20 mars 2012

Mayotte : le RSA victime de la polygamie

« Nous avons mis de grands moyens pour pas grand chose ! » s’exclamait l’impatient président Daniel Zaïdani à propos du bilan J+ 2 mois de la mise en place du Revenu de solidarité active à Mayotte. 

Car pour lui, tout a été installé à temps, lors de sa mandature en tout cas, pour accueillir les 13.000 à 30.000 personnes qui étaient censées se masser devant les bureaux dédiés au Revenu de solidarité active (RSA). Mais comme il l’avait déjà signalé, c’est un échec : 1.050 personnes exactement ont perçu ce revenu sur 5.000 qui se sont présentées ! Soit 20% environ. Or, « 300.000 euros ont été dépensés pour mettre en place ce RSA, sans compter la rémunération des agents et nous avons prévu d’en dépenser 5,5 millions en 2012 avec 109 agents affectés à cette tache ! ». On peut comprendre son agacement.


Alors d’où vient le décalage ? Selon lui, de la trop faible allocation qui n’incite pas les personnes à se déplacer : « une femme seule sans enfant toucherait 119 euros hors déduction, c’est à dire in fine 104 euros en ayant retiré le forfait logement ». Il a donc décidé de séduire les bénéficiaires éventuels par la mise en place pour tout attributaire du RSA d’un Contrat unique d’insertion, « qui est quand même le but ultime de ce revenu de solidarité ». Contrat qui proposerait 20 heures par semaine, soit environ 700 euros par mois. Ils seraient financés par l’Etat à 95% dans le secteur non marchand, le reste revenant à la Collectivité, et à 47% dans le secteur marchand, le tout géré par Pôle emploi selon Sarah Mouhoussoune, seconde vice-présidente du Conseil général en charge des affaires sociales.
 
« Nous nous sommes basés sur le fichier CAF (Caisse d’Allocation familiales) pour anticiper le nombre de bénéficiaires. Serait-il faux ? ». En réalité, 17.000 dossiers auraient été recensés depuis le fichier CAF comme bénéficiaires potentiels du RSA. Mais les conditions d’obtention diffèrent : un allocataire de la CAF doit être français ou s’il est étranger en situation régulière, d’un titre de séjour de 5 ans, quand il faut prouver une présence d’au moins 15 ans pour le RSA, avec l’inscription de la possibilité ou non de travailler. Selon les connaisseurs du dossier, cela divise par deux l’effectif.

D’autre part, si l’allocation familiale est attribuée à toute femme ayant des enfants, faisant partie d’un foyer polygame ou pas, le RSA prend en compte les ressources du mari pour chaque femme déclarante… ce qui réduit considérablement le nombre de bénéficiaires ! Ce qui faisait dire à Sarah Mouhoussoune, , « je suis pour la polygamie ! », encouragée par son toujours très volubile collègue Said Ahamadi « Raos », second vice président : « la fin de la polygamie c’est une incitation à la prostitution organisée au niveau national et même européen ! ». Alors que Sarah Mouhoussoune confirmait que « les gens ne vont plus à la mairie mais le foundi continue à célébrer les mariages ». Une transition douce est en effet plus que nécessaire.

Une mobilisation de la population est donc indispensable selon Daniel Zaïdani, surtout qu’il craint que les frais remboursés par l’Etat en fonction de la charge actuelle, ne soit pas réévalués par le gouvernement lors de la montée en puissance à 50 puis 75% du RSA métropolitain dans les années à venir.

La grève de la Caisse d’allocation familiale a d’autre part handicapé le démarrage du RSA dont il faudra malgré tout refaire un bilan dans quelques mois.

Daniel Zaïdani en profitait pour annoncer le report du vote du budget qui devait avoir lieu juste après le débat d’orientation budgétaire de mardi 20 mars, « tous nos partenaires ne nous ayant pas communiqué leurs éléments ».

Source : Malango-Actualité - Annette Lafond - Mardi 20 mars 2012

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