mardi 30 octobre 2012

Carcassonne Une lettre anonyme dénonce les conditions de travail à la Caf de l'Aude

Surcharge de travail, pétition "étouffée", multiplication des contrats à durée déterminée, arrêts maladie... sont pointés dans une lettre anonyme qui dénonce les conditions de travail à la Caf de l'Aude. La direction conteste.

"Aidez-nous à redonner à la Caisse d’allocations familiales de l’Aude, l’image qu’elle mérite". Quelques jours après la fermeture au public des services de la caisse pour “embouteillages” au service prestation, la lettre anonyme parvenue à notre rédaction est sans ambages : "C’est particulièrement honteux de saboter le fonctionnement d’un organisme qui a fonctionné à merveille pendant plus de trente ans, tout ça grâce des gens qui n’ont aucune conscience professionnelle !"


Dans ce courrier d’une page, un agent de la caisse d’allocations familiales de l’Aude dénonce ainsi un manque "de considération pour les agents qui sont pris pour des pions et souvent mutés d’un service à l’autre".

Une pétition "qui a été étouffée" aurait ainsi circulé au sein des services, les arrêts maladie se multiplieraient tout comme le nombre de contrats à durée déterminés "à qui l’on dispense une formation à vitesse grand V".

En ligne de mire, une "direction qui s’entoure de jeunes cadres (...) qui font du management sans connaître la législation applicable et sans avoir vu un dossier allocataire de leur vie".

Le tableau brossé anonymement par cet agent serait donc des plus noirs au sein d’une institution qui, mis à part une fermeture exceptionnelle pour surcharge de travail et une élection pour le moins rocambolesque à la tête de sa présidence (Midi Libre des 4 et 25 novembre 2011), n’a guère fait parler d’elle.

Le directeur de la caisse, Yann Pesselier, conteste de son côté la quasi-totalité des points dénoncés dans ce courrier (lire ci-dessous).

"La pétition a effectivement circulé au sein du service prestations. Les agents signataires reprochaient le changement de tâches dans le même service au cours de la même journée : passer au dernier moment de l’accueil physique au téléphone ou au traitement des dossiers était pour eux déstabilisant. Cette pétition a été transmise à la délégation unique du personnel et n’a donc pas été étouffée."

Quant à la surcharge de travail, elle fait partie de la conjoncture : "Il est de notoriété publique que les caisses d’allocations familiales sont engorgées. Par rapport à octobre 2011, on comptabilise +14 % de flux courrier. Mais en tout état de cause, sur Carcassonne, personne n’est venu m’exprimer un sentiment de souffrance au travail".

Même réflexion au service interprofessionnel de santé au travail qui, même s’il ne prescrit pas les arrêts maladie, n’a pas eu de remontée de cet ordre.

La conclusion de la lettre anonyme reste tout de même angoissante : "Si, dans les mois qui viennent, un membre du personnel se suicide, vous penserez à ce courrier." Glaçant.

Le directeur conteste point par point les allégations. 

Yann Pesselier, directeur de la Caisse d’allocations familiales de l’Aude, est surpris. Surpris qu’un tel courrier aussi véhément ait pu être de la sorte rédigé.

"En toute honnêteté, nous n’avons eu, en délégation unique du personnel (ce qui correspond à un comité d’entreprise, NDLR) que la remontée d’une seule question : et cela n’avait rien à voir avec ce qui est dénoncé dans cette lettre". De fait, si souci il y a, la direction et les représentants du personnel élus n’en ont pas eu connaissance...

Bien évidemment, Yann Pesselier est au courant de la fameuse pétition qui a circulé : "Mais elle n’a pas été étouffée, loin de là ! La délégation unique du personnel en a eu connaissance et sa lecture a été consignée dans le procès-verbal de séance. J’ai même dit, lors de cette séance, que j’aurais pu en être signataire vu la charge de travail que nous connaissons".

Une charge de travail qui, selon le directeur, n’est pas propre à la Caf de l’Aude : "C’est tout le réseau qui est confronté à ces augmentations importantes de travail : Pôle emploi, par exemple, peut être confronté à la même situation".

Pour ce qui est des arrêts maladie, Yann Pesselier persiste : "Nous avons un indice inférieur à la moyenne nationale. Nous sommes attentifs à la souffrance psychologique, aux risques psycho-sociaux. Nous n’avons pour l’heure pas eu d’alerte particulière."

Et pour ce qui est des CDD, le directeur infirme : "Il y en a moins que l’an passé. Enfin, au niveau des mutations, il faut savoir qu’il ne peut y en avoir si l’agent n’est pas partant".

Source : Midi Libre - Arnaud Chabé - Mardi 30 octobre 2012

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