Surcharge de travail, pétition "étouffée", multiplication des
contrats à durée déterminée, arrêts maladie... sont pointés dans
une lettre anonyme qui dénonce les conditions de travail à la Caf de
l'Aude. La direction conteste.
"Aidez-nous à redonner à la Caisse d’allocations familiales de l’Aude,
l’image qu’elle mérite". Quelques jours après la fermeture au public des
services de la caisse pour “embouteillages” au service prestation, la
lettre anonyme parvenue à notre rédaction est sans ambages : "C’est
particulièrement honteux de saboter le fonctionnement d’un organisme qui
a fonctionné à merveille pendant plus de trente ans, tout ça grâce des
gens qui n’ont aucune conscience professionnelle !"
Dans ce courrier d’une page, un agent de la caisse d’allocations familiales de l’Aude
dénonce ainsi un manque "de considération pour les agents qui sont pris
pour des pions et souvent mutés d’un service à l’autre".
Une pétition "qui a été étouffée" aurait ainsi circulé au sein des
services, les arrêts maladie se multiplieraient tout comme le nombre de
contrats à durée déterminés "à qui l’on dispense une formation à vitesse
grand V".
En ligne de mire, une "direction qui s’entoure de jeunes cadres (...)
qui font du management sans connaître la législation applicable et sans
avoir vu un dossier allocataire de leur vie".
Le tableau brossé anonymement par cet agent serait donc des plus noirs
au sein d’une institution qui, mis à part une fermeture exceptionnelle
pour surcharge de travail et une élection pour le moins rocambolesque à
la tête de sa présidence (Midi Libre des 4 et 25 novembre 2011), n’a
guère fait parler d’elle.
Le directeur de la caisse, Yann Pesselier, conteste de son côté la quasi-totalité des points dénoncés dans ce courrier (lire ci-dessous).
"La pétition a effectivement circulé au sein du service prestations. Les
agents signataires reprochaient le changement de tâches dans le même
service au cours de la même journée : passer au dernier moment de
l’accueil physique au téléphone ou au traitement des dossiers était pour
eux déstabilisant. Cette pétition a été transmise à la délégation
unique du personnel et n’a donc pas été
étouffée."
Quant à la surcharge de travail, elle fait partie de la conjoncture :
"Il est de notoriété publique que les caisses d’allocations familiales
sont engorgées. Par rapport à octobre 2011, on comptabilise +14 % de
flux courrier. Mais en tout état de cause, sur Carcassonne, personne n’est venu m’exprimer un sentiment de souffrance au travail".
Même réflexion au service interprofessionnel de santé au travail qui,
même s’il ne prescrit pas les arrêts maladie, n’a pas eu de remontée de
cet ordre.
La conclusion de la lettre anonyme reste tout de même angoissante : "Si, dans les mois qui viennent, un membre du personnel se suicide, vous penserez à ce courrier." Glaçant.
Le directeur conteste point par point les allégations.
Yann Pesselier, directeur de la Caisse d’allocations familiales de l’Aude, est surpris. Surpris qu’un tel courrier aussi véhément ait pu être de la sorte rédigé.
"En toute honnêteté, nous n’avons eu, en délégation unique du personnel
(ce qui correspond à un comité d’entreprise, NDLR) que la remontée d’une
seule question : et cela n’avait rien à voir avec ce qui est dénoncé
dans cette lettre". De fait, si souci il y a, la direction et les
représentants du personnel élus n’en ont pas eu connaissance...
Bien évidemment, Yann Pesselier est
au courant de la fameuse pétition qui a circulé : "Mais elle n’a pas
été étouffée, loin de là ! La délégation unique du personnel en a eu
connaissance et sa lecture a été consignée dans le procès-verbal de
séance. J’ai même dit, lors de cette séance, que j’aurais pu en être
signataire vu la charge de travail que nous connaissons".
Une charge de travail qui, selon le directeur, n’est pas propre à la Caf de l’Aude
: "C’est tout le réseau qui est confronté à ces augmentations
importantes de travail : Pôle emploi, par exemple, peut être confronté à
la même situation".
Pour ce qui est des arrêts maladie, Yann Pesselier persiste : "Nous
avons un indice inférieur à la moyenne nationale. Nous sommes attentifs à
la souffrance psychologique, aux risques psycho-sociaux. Nous n’avons
pour l’heure pas eu d’alerte particulière."
Et pour ce qui est des CDD, le directeur infirme : "Il y en a moins que
l’an passé. Enfin, au niveau des mutations, il faut savoir qu’il ne peut
y en avoir si l’agent n’est pas partant".
Source : Midi Libre - Arnaud Chabé - Mardi 30 octobre 2012
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