mardi 19 février 2013

Quatre choses à savoir sur la fiscalisation des prestations familiales

La piste de la fiscalisation des allocations familiales pour résorber les déficits a été officiellement mise sur la table ce week-end par le président de la Cour des comptes, Didier Migaud, et implicitement confirmée par le gouvernement. Les clés du débat.


REUTERS/Rick Wilking
Pourquoi les allocations familiales ne sont pas taxées en France

C'est un principe de la politique familiale française : les prestations familiales ne sont pas soumises à l'impôt sur le revenu. En effet, elles ne sont pas considérées comme un revenu mais comme une compensation de charges, pour élever les enfants. Ce qui rendrait incompatible leur fiscalisation explique un rapport du Haut Conseil de la famille publié en janvier 2011 



Pourquoi certains estiment qu'elles devraient être taxées 
 
La politique familiale a une logique égalitaire qui vise à accorder à toutes les familles le même niveau d'aides. Celles-ci doivent être forfaitaires et indépendantes du revenu. Les allocations familiales accordées sans conditions de ressources vont donc à l'encontre d 'un principe fiscal français qui vise - normalement - à la redistribution. Elles bénéficient en effet pareillement aux plus aisés comme aux plus pauvres. 

Un "défaut" que n'a pas manqué de pointer à plusieurs reprises la Cour des comptes dans sa chasse continue aux niches fiscales et sociales inefficaces. Didier Migaud, son premier président actuel, en a d'ailleurs remis une couche dimanche. "On peut considérer que c'est une prestation qui rentre dans les revenus et qui peut d'une certaine façon être fiscalisée", a-t-il fait valoir sur Europe 1. Il n'est pas le seul ni le premier. Régulièrement évoquée par la gauche comme par la droite, la réforme des "allocs" est un sujet explosif, dont Alain Juppé en 1996 (qui voulait les taxer) ou Lionel Jospin en 1997 (qui voulaient les conditionner) ont fait les frais.


Pourquoi ça pourrait finir par arriver
 
Le gouvernement est aux abois. Le déficit du budget de l'Etat dérape à cause d'une croissance zéro qui ne donne aucun signe de redémarrage. Si l'objectif de réduction du déficit à 3% du PIB cette année a été officiellement abandonné, un effort de rigueur supplémentaire devra être effectué. 

Par ailleurs, le Premier ministre a demandé un rapport au président du Haut conseil de la famille Bertrand Fragonard, qui doit remettre fin mars "plusieurs scénarios de réforme" pour rééquilibrer d'ici 2016 la branche famille. Laquelle attend un déficit de 2,6 milliards d'euros en 2013 après 2,5 milliards en 2012. La nécessité absolue d'équilibrer les comptes publics pourrait donc inciter l'exécutif à tenir bon malgré la levée de boucliers inévitable. Officiellement, Bercy affirme ne pas vouloir se prononcer sur la fiscalisation des allocations avant la remise du rapport Fragonard. Mais il confirme indirectement que la piste est bel et bien sur la table. Même si d'autres solutions sont également envisagées comme l'instauration de conditions de ressources ...


Ce que cela pourrait changer concrètement
 
D'après la Cour des comptes, seules les prestations accordées "automatiquement et sans condition de ressources" seraient susceptibles de perdre leur exonération à l'impôt sur le revenu, croit savoir Le Figaro. Il s'agit des allocations familiales proprement dite : allocation de soutien familial, aide à la famille pour l'emploi d'une assistante maternelle, allocation de garde à domicile, allocation d'éducation de l'enfant handicapé... lesquelles bénéficient à plus de 5,6 millions de foyers. L'exonération correspondante représente un coût pour le budget de 1,9 milliards d'euros (avec l'allocation aux adultes handicapés et les pensions d'orphelin).

D'après un calcul effectué par la société Fidroit pour le Monde, l'impact de la fiscalisation serait sensible. Ainsi un couple marié avec deux enfants, gagnant 3000 euros net par mois et touchant 127,05 euros par mois d'allocations familiales verrait ses impôts augmenter de 17,6% à 843 euros au lieu de 717.

Didier Migaud a également évoqué spontanément un autre dispositif: la majoration de 10% des retraites appliquées aux parents de trois enfants. Fiscaliser cette majoration permettrait de rapporter "800 millions d'euros supplémentaires" à l'Etat, a-t-il indiqué.


Source : L'expansion - Lundi 18 février 2013

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