Fiscalisations des allocations familales, réductions
drastiques pour les familles les plus riches, conditions de
ressources... les solutions pour réduire le déficit de la branche
famille de la Sécu se multiplient à gauche. Et font grincer des dents à
droite.
La réforme des allocations familiales tourne au concours Lépine. Alors que rien n'est encore décidé, les propositions se multiplient. Et si l'idée d'une taxation des allocations familiales semble s'éloigner, d'autres pistes controversées, comme une baisse des montants pour les plus riches, sont évoquées.
Le
Haut conseil de la famille (HCF), chargé de proposer prochainement une
réforme des prestations familiales, a chiffré à 2,2 milliards d'euros le
"besoin de financement" de la branche famille pour la ramener à
l'équilibre à l'horizon 2016. Il devrait dévoiler ses propositions de
réforme le 4 avril. Mais certaines pistes semblent d'ores et déjà
exclues par le gouvernement.
Fiscalisation. Alors que le président de la Cour des comptes Didier Migaud avait estimé le mois dernier que l'imposition des prestations familiales pouvait "être mise sur la table", la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, a affirmé lundi qu'elle n'y était pas personnellement favorable. "Cela aboutirait à ce que des ménages modestes qui ne paient pas aujourd'hui d'impôt soient touchés", a-t-elle justifié.
Mardi matin, les députés socialistes Gérard Bapt et Pascal Terrasse,
ont publié leurs propres propositions, destinées à "nourrir le débat".
Le rapporteur du budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée et le
secrétaire national du PS à la protection sociale écartent également une
fiscalisation des allocations familiales qui "pèserait prioritairement
sur les couches moyennes".
Limitations pour les plus aisés. Ils suggèrent à la place de les réduire de moitié,
au-delà d'un niveau de revenus équivalent au plafond retenu pour
l'allocation de base de la prestation d'accueil du jeune enfant (Paje):
soit environ 53.000 euros par un an pour un couple avec deux enfants et
un peu plus de 61.000 euros pour une famille avec trois enfants. Cette
mesure concernerait environ 11% des familles bénéficiaires, selon les
députés.
Certaines prestations familiales sont versées aux ménages
dont les ressources ne dépassent pas un certain plafond mais les
allocations familiales, versées à partir du deuxième enfant (127,05
euros mensuels), sont universelles: elles sont versées à tous, quels que
soient les revenus.
Imposer des conditions de ressources.
Autre proposition des députés : créer une condition de ressources pour
bénéficier du complément de mode de garde, une aide à la garde
d'enfants, qui pourrait s'appliquer aux 150.000 familles les plus
aisées. Gain total estimé: environ 3 milliards d'euros. "Il est normal
que des parlementaires disent ce dont ils ne veulent pas: la fin de
l'universalité des allocations familiales, leur taxation et une hausse
des prélèvements obligatoires", a expliqué à l'AFP, Pascal Terrasse.
"Voici ensuite ce qui reste sur la table".
Protestations de la droite
A droite, les réactions n'ont pas tardé. "Tout est fait pour démanteler la politique familiale",
a notamment réagi le patron de l'UMP, Jean-François Copé. Selon lui, le
seuil retenu par les socialistes, "en dit long" sur leur "état
d'esprit". "Les classes moyennes, très rapidement, vont être concernées
par des mesures comme celles-là", a-t-il prévenu.
L'ancien Premier
ministre François Fillon s'est également dit opposé à une baisse des
allocations pour les familles aisées: "Nous avons toujours considéré que
la politique familiale, c'était une politique destinée à soutenir la
natalité", a-t-il souligné.
Mais à gauche aussi, le sujet
inquiète. Le sénateur-maire PS de Lyon Gérard Collomb a ainsi mis en
garde dimanche contre "les effets cachés" d'une réforme des allocations
familiales, qui pourrait aller jusqu'à ébranler la natalité française
selon lui.
Le gouvernement a prévu d'attendre les propositions du
président du HCF, Bertrand Fragonard, pour prendre des décisions qui
devraient figurer dans le budget 2014 de la sécurité sociale, examiné à
l'automne. Si son objectif est de réduire le déficit de la branche
famille, il entend aussi mieux cibler les aides vers les plus modestes.
Selon
un sondage Ifop paru dimanche, les deux tiers des Français (66%) se
disent favorables à l'idée de réduire ou de supprimer les allocations
familiales au-delà d'un certain niveau de revenu. Mais régulièrement
évoquée, la réforme des "allocs" reste un sujet explosif, dont la gauche
comme la droite ont déjà fait les frais.
Source : L'Expansion - REUTERS/Michaela Rehle - Mardi 19 mars 2013
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