Humour : Lettre d'une allocataire désabusée à sa CAF fermée depuis 6 mois ...

A la suite d'un choix malencontreux, Carine Beaufils est devenue conseiller financier et l'est restée pendant six ans. Six années source d'inspiration pour un nombre incalculable de lettres que la sagesse (et le prix de son loyer) l'ont contrainte à ne jamais envoyer ...

 

Madame, Monsieur les cafistes,

Je vous fait part de mon inquiétude. En effet, nous étions maintenant habitués à ce que vous fermiez tous les jeudis afin de "mieux nous servir" (sic). Puis, nous avons dû nous faire à vos fermetures inopinées supplémentaires, dans l'optique de "mieux faire face à l'afflux de dossiers".

Cependant, voilà que l'antenne de la CAF de ma ville est fermée pour une semaine et ce, depuis quelques mois déjà. Mon voisin n'hésite pas à conclure que c'est la première fois que vous vous "foutez de nos gueules" pendant autant de temps - ce que je ne me permettrais pas, car c'est extrêmement grossier.

Tout de même, comme il était stipulé que "cette opération est mise en place pour une semaine dans le but de mieux [nous] servir grâce à un traitement global de tous [nos] dossiers en attente afin de rouvrir dans des conditions optimales", on s'était dit que c'était pour la bonne cause.

Au début, comme ça a commencé aux alentours des vacances de février, on s'était dit que vous vous ressourciez avant de repartir à l'attaque. Quand ça s'est prolongé d'une semaine, on a supposé que la neige était bonne. Mais comme là, ça fait plus de six mois et qu'il n'y a plus de panneau remettant la réouverture à la semaine suivante, on espère que vous n'êtes pas tous restés coincés sur un télésiège depuis tout ce temps.

Sinon, nous ça va. L'air est moins sain qu'en altitude et puis il y a eu le nuage de Fukushima et l'instauration de la taxe sur les sodas, mais on s'en sort.

Comme vous nous manquez beaucoup, on se rabat sur votre numéro surtaxé afin d'essayer de vous joindre. On tape sur étoile, puis on compose notre numéro d'allocataire en terminant par dièse, puis notre code confidentiel en terminant encore par dièse, puis on tape 2, puis sur 4 car on souhaite parler à une conseillère qui nous répondra dans quelques instants, ne quittez pas, une conseillère nous répondra dans quelques instants, ne quittez pas une... Ça dure entre 10 et 20 minutes parfois plus si on est en début de forfait, puis, quand vous êtes certains d'avoir épuisé notre patience et nos unités, vous nous indiquez qu'en raison d'un grand nombre d'appels, vous n'êtes pas en mesure de nous répondre et vous allez mettre fin à cet appel, merci de raccrocher.

Résultat : le montant de nos allocations correspond à celui de la facture téléphonique, c'est l'opérateur qui se frotte les mains.

Du coup, je vous écris. Ce n'était même pas pour râler, juste pour vous remercier de m'avoir versé par erreur une allocation à laquelle je n'avais pas le droit. Bon, je vais quand même mettre cette somme de côté quelque temps, au cas où l'allocataire à qui elle était réellement destinée se manifeste.

Voilà, voilà. Si vous rouvrez un jour, on sera un bon groupe à venir vous faire un petit coucou.

Vous nous manquez.

Grosses bises à tous.

CB

Plus de lettres sur : lettre aux cons

Source : 

Le Plus - Le nouvel Observateur - Par Carine Beaufils Ex Banquière -

Édité par Hélène Decommer - Mercredi 19 octobre 2011