mardi 13 novembre 2012

La fraude sociale coûte moins cher que le non-recours aux prestations sociales

Alors que la droite et le Front national ne cessent de dénoncer les fraudes sociales en hausse, les études prouvent que le non-recours aux droits sociaux est bien plus important que la fraude sociale.
 
En novembre dernier, à Bordeaux, Nicolas Sarkozy reprenait le refrain de son ministre Laurent Wauquiez et décrivait la lutte contre la fraude sociale comme une des premières priorités de la droite au pouvoir. Depuis des mois maintenant l'UMP et le Front national fustige les fraudeurs sociaux (qui seraient surtout des immigrés) et un récent sondage de l'Ifop montre qu'une majorité de français critique "l'assistanat"

Or, à rebours de ces préjugés, des études sérieuses et fiables montrent que primo, la fraude sociale est bien moins importante que le non-exercice de droits sociaux, et que deuzio, "l'assistanat" n'est pas un phénomène en constante augmentation.
 
Un récent rapport de l'économiste François Bourguignon est sans appel : 68% des travailleurs pauvres qui peuvent prétendre au RSA activité ne le demandent pas, une personne sur deux éligible au RSA n'en fait pas la demande et 80% des personnes pauvres ne demandent pas, alors qu'ils y ont tout à fait le droit, l'aide pour une assurance complémentaire de santé. 

Des chiffres extrêmement élevés, bien plus que ceux de la fraude sociale qui coûte entre trois et cinq milliards d'euros à l'état chaque année alors que le non-exercice de ces droits sociaux rapporte au moins dix milliards d'euros chaque année à l'état (5,3 pour le RSA et 4,7 pour les prestations familiales). 

Autrement dit, la fraude sociale est largement compensée par ces personnes pauvres qui ne réclament pas ces droits sociaux auxquels ils ont droit. En guise de comparaison, notons également que la fraude patronale coûte au moins 16 milliards d'euros chaque année au fisc et l'évasion fiscale 25 milliards.
 
Plusieurs explications existent pour ces non-demandes de prestations sociales : la complexité des démarches, la volonté de ces personnes pauvres de ne pas souffrir de davantage de stigmatisation alors qu'une bonne partie du personnel politique de droite les décrit déjà comme des "assistés" mais aussi la mauvaise volonté des pouvoirs publics qui n'ont pas toujours intérêt à débourser ces aides publiques, notamment dans un contexte de rigueur budgétaire. 

Pour autant, "les non-dépenses liées au non-recours peuvent être vues comme des économies, mais ce serait oublier le surcoût qu'elles induisent à terme pour les collectivités" souligne dans une interview à Libération un collectif de chercheurs.

Source : Paris Dépêches - Eli Dy - Mardi 13 novembre 2012

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...